Le prélèvement forcé d’organes en Chine – une vue d’ensemble
Un ensemble de preuves qui ont commencé à faire surface en 2006 indique que depuis 2000 des organes viables sont prélevés de force et sans le consentement de prisonniers de conscience, en particulier des pratiquants de Falun Gong.
En l’absence d’un système de dons d’organes et de distribution d’organes, les reins, les foies et les cœurs en question sont vendus selon la demande de patients situés à l’étranger et de riches Chinois pouvant se les procurer. Plusieurs rapportent que les prisonniers de conscience sont forcés à se soumettre à des examens médicaux et des prises de sang alors qu’ils sont détenus. Les victimes sont gardées dans des camps de détention semblables à des camps de concentration jusqu’à ce que leur corps soit découpé, après quoi leurs dépouilles sont immédiatement incinérées.
Différents rapports suggèrent que les dirigeants du Parti communiste chinois sont responsables de cette pratique, de connivence avec des chirurgiens, les dirigeants de prisons et les dirigeants militaires.
« Les abus de cette magnitude dans le domaine de la transplantation constituent des crimes contre l’humanité. Nous nous rendons complices de ces crimes lorsque nous demeurons silencieux face à de telles atrocités ».
– Dr Arthur Caplan, Dr Alejandro Centurion et Dr Jianchao Xu[1]
Découvertes importantes :
Les temps d’attente pour la transplantation d’organes en Chine sont extraordinairement courts
En Chine, le temps d’attente pour un organe vital est habituellement de moins d’un mois, souvent d’une à deux semaines.[2] Certains hôpitaux annoncent même que des rendez-vous peuvent être fixés à l’avance. En comparaison avec les années d’attente au Canada pour se procurer un organe compatible, les temps d’attente exceptionnellement courts en Chine indiquent qu’il existe en Chine un large bassin de donneurs vivants, facilement disponibles et dont les organes sont prélevés sur demande.[3]
Un large volume de transplantations d’organes malgré l’absence de dons volontaires d’organes en Chine
Le volume de transplantations d’organes en Chine est le deuxième plus élevé à travers le monde. Aussi récemment qu’en 2003, il n’y avait toujours pas de dons d’organes en Chine. Tel qu’expliqué par Dr Sharif et al, « entre 2003 et 2009, il n’y aurait eu que 130 organes qui aient été donnés volontairement, alors que la population chinoise est de 1,3 milliard d’habitants. Si on appliquait à la cohorte de prisonniers le taux de consentement moyen de la population chinoise, il faudrait des millions d’exécutions de prisonniers chaque année pour atteindre les 10 000 transplantations d’organes qui ont lieu chaque année » [notre traduction].[4] Sans système efficace de dons, d’où viennent donc ces organes ?
De multiples enquêtes indépendantes estiment que des dizaines de milliers de pratiquants de Falun Gong ont été tués pour alimenter la lucrative industrie chinoise de la transplantation d’organes
L’avocat de droits internationaux de la personne David Matas et l’ancien député et Secrétaire d’État pour l’Asie-Pacifique David Kilgour enquêtent la question du prélèvement forcé d’organes en Chine depuis 2006. Dans leur livre Bloody Harvest, Matas et Kilgour ont découvert que pour la période de 2000 à 2005, 41 500 transplantations d’organes en Chine proviennent de corps dont l’identité est inconnue.[5] Ils concluent que la seule explication plausible est que ces organes proviennent des corps de pratiquants de Falun Gong. Leurs découvertes sont en accord avec d’autres enquêtes indépendantes, comme celle du Dr Lavee d’Israël et du Dr Kirk Allison des États-Unis.
Dans son récent livre The Slaughter: Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to Its Dissident Problem, Ethan Gutmann, un analyste reconnu de la Chine, dévoile de nouvelles preuves portant sur le prélèvement forcé d’organes organisé par l’État chinois. Selon ses estimations, basées sur ses enquêtes, au moins 65 000 pratiquants de Falun Gong ont été tués pour leurs organes entre 2000 et 2008.[6]
Le prélèvement forcé d’organes est un commerce lucratif en Chine. Il génère des gains financiers immenses pour l’État chinois. La liste suivante est une liste de prix affichée sur le site Internet d’un hôpital chinois[7] :
Rein 62 000 $ US
Foie 98 000-130 000 $ US
Foie et rein 160 000-180 000 $ US
Rein et pancréas 150 000 $ US
Poumon 150 000-170 000 $ US
Cœur 130 000-160 000 $ US
Cornée 30 000 $ US
Les communautés internationales condamnent la Chine et demandent que cesse ce crime contre l’humanité
Les découvertes et la preuve suggérant un crime contre l’humanité à grande échelle, une organisation pour la défense et la promotion de l’éthique médicale, Doctors Against Forced Organ Harvesting (DAFOH), a été créée. DAFOH a fait circuler une pétition sur ce sujet à travers le monde ; en trois ans, DAFOH a recueilli plus de deux millions de signatures qui ont été présentées au Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. La pétition demande à l’ONU de faire enquête et de condamner le prélèvement forcé d’organes de prisonniers de conscience en Chine. DAFOH a documenté plusieurs des actions prises à travers le monde en réaction à cet abus dans le domaine de la transplantation.
Mis à part une motion adoptée en 2015 de façon unanime et au nom de tous les partis politiques par le Sous-comité des droits internationaux de la personne, un sous-comité du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international au Parlement canadien, les autres actions majeures sont les suivantes :
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En 2008, Israël a adopté une des lois les plus efficaces pour prévenir la collusion avec le système chinois de prélèvement d’organes. Cette loi interdit la vente et le courtage d’organes. La loi a aussi mis fin au financement par le système israélien d’assurance-maladie de la transplantation d’organes en Chine pour les Israéliens.[8]
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En 2010, l’Espagne a adopté une loi sur la transplantation faisant du courtage d’organes en Chine un crime.
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En décembre 2013, le Parlement européen a adopté une résolution pour condamner cette pratique inhumaine en Chine.[9]
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La Résolution 281 de la Chambre des représentants américains, qui exige la fin du prélèvement forcé d’organes en Chine, a été adoptée aussi bien par le sous-comité sur l’Asie et le Pacifique que par le comité des affaires étrangères de la Chambre des représentants (30 juillet 2014).[10]
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Une résolution semblable (Résolution343)[11], exigeant encore la fin du prélèvement forcé d’organes en Chine, a été déposée à la Chambre des représentants américains en juin 2015.
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En mars 2015, l’Italie a adopté une loi pénalisant les individus qui font le commerce, la vente ou la gestion d’organes résultant du trafic illégal.
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En juin 2015, Taiwan a modifié sa loi sur la transplantation d’organes humains pour interdire les voyages à l’étranger aux fins de transplantation et pour interdire l’usage d’organes de prisonniers qui ont été mis à mort.[12]
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Le Sénat australien a adopté une motion de façon unanime en 2013 demandant à la Chine de cesser le prélèvement forcé d’organes. Plusieurs hôpitaux ont aboli leurs programmes de formation de docteurs chinois sur les sujets de technologies de transplantation d’organes. Les hôpitaux ont aussi cessé leurs programmes de recherche conjointe avec la Chine sur des questions de transplantation d’organes.
Une série d’annonces par la Chine pour interdire l’usage d’organes sans consentement est un simple coup de publicité
En réponse à la pression internationale pour que cette pratique inhumaine cesse, les autorités chinoises ont fait plusieurs déclarations et annonces. Une résolution a par ailleurs été signée de pair avec les communautés médicales internationales pour interdire l’usage d’organes de prisonniers mis à mort. La preuve montre toutefois que le prélèvement forcé d’organes a toujours lieu.
En janvier 2015, la Chine a annoncé qu’elle arrêterait d’utiliser les organes de prisonniers mis à mort aux fins de transplantation. Les experts en médecine de différents endroits dans le monde ont exprimé leur scepticisme dans des lettres publiées dans The Lancet, répudiant ainsi les affirmations de la Chine. Ils ont mis en évidence que l’annonce des autorités chinoises ne visait qu’à redéfinir les prisonniers comme des « citoyens qui ont le droit de donner leurs organes » [notre traduction].[13]
La persécution du Falun Gong, un prérequis pour le prélèvement forcé d’organes
Le Falun Gong (aussi connu sous le nom de Falun Dafa) est une pratique spirituelle tirée de la culture chinoise ancienne. Il comprend une série d’exercices de méditation et un système de philosophie morale fondé sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance. La pratique a été présentée au public en 1992 et est aujourd’hui pratiquée dans plus de 100 pays à travers le monde.
Au cours des années 1990, plus de 70 millions de personnes ont adopté la pratique de Falun Gong, dont les autorités chinoises faisaient à l’époque la promotion. Les dirigeants communistes ont cependant commencé à craindre que le Falun Gong n’entre en compétition avec eux sur le plan idéologique en raison de son indépendance, de sa popularité et de son contenu spirituel traditionnel.
En juillet 1999, le Parti communiste a mis en branle une campagne visant à éradiquer le Falun Gong. À cette fin, le Parti a eu recours à la propagande, les emprisonnements de masse, la torture et le prélèvement d’organes. Ces atrocités continuent à ce jour et ont tué des dizaines de milliers de personnes.
L’ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture a rapporté en 2006 que les pratiquants de Falun Gong constituaient 66 % des cas de torture en Chine. Selon lui, « la cruauté et la brutalité de ces présumés actes de torture sont indescriptibles », et « la torture est systématique et généralisée en Chine » [notre traduction].[14]
Depuis le début de la persécution du Falun Gong, à tout moment en Chine, de 450 000 à un million de pratiquants de Falun Gong ont été gardés dans des prisons ou d’autres installations pour détention à long terme (y compris des camps de travaux forcés).[15]
De 2006 à 2009, le rapport annuel du Département d’État américain sur les droits de l’homme en Chine a indiqué chaque année que « certains observateurs de l’étranger ont estimé que les pratiquants de Falun Gong constituent au moins la moitié des 250 000 prisonniers dont les données officielles indiquent qu’ils sont dans des camps de rééducation par le travail » [notre traduction].[16]
Autres ressources utiles :
Doctors Against Forced Organ Harvesting
International Coalition to End Organ Pillaging in China
Rapport de David Kilgour et David Matas sur le prélèvement forcé d’organes en Chine
Organ harvesting, Falun Gong and the Future of China, par David Matas
Bitter Harvest: China’s ‘Organ Donation’ Nightmare, par Ethan Gutmann
Killed for Organs: China’s Secret State Transplant Business
An Introduction to Falun Gong
Références :
[1] https://stoporganharvesting.org/what-people-are-saying
[3] Matas, D. & Trey, T. (2012). State Organs: Transplant abuse in China. ON: Seraphim.
[4] Sharif, A., Fiatarone Singh, M., Trey, T., & Lavee, J. (2014). Organ procurement from executed prisoners in China. American Journal of Transplantation, XX, 1-7.
[5] Matas, D. & Kilgour, D. (2009). Bloody Harvest: The killing of Falun Gong for their organs. ON: Seraphim.
[6] Gutmann, E. (2014). The Slaughter: Mass killings, organ harvesting, and China’s secret solution to its dissident problem. New York, NY: Prometheus Books. (https://ethan-gutmann.com/the-slaughter/)
[8] https://dafoh.org/people-wish-end-forced-organ-harvesting-resolutions-and-proclamations/
[11] https://www.congress.gov/bill/114th-congress/house-resolution/343/text
[12] https://www.theepochtimes.com/n3/1417963-the-killing-of-falun-gong-for-their-organs-whats-new/
[13] https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(15)60480-9/fulltext
[14] U.N. Commission on Human Rights: Report of the Special Rapporteur on torture and other cruel, inhuman or degrading treatment or punishment, Manfred Nowak, on his Mission to China from November 20 to December 2, 2005 (E/CN.4/2006/6/Add.6), March 10, 2006. (http://epochpage.com/wp-content/uploads/sites/3/UN-Special-Rapporteur-Manfred-Nowak_Mission-to-China_2006.pdf)
[15] Gutmann, E. (2014). The Slaughter: Mass killings, organ harvesting, and China’s secret solution to its dissident problem. New York, NY: Prometheus Books.
[16] https://2001-2009.state.gov/g/drl/rls/rm/2005/50110.htm